Une nouvelle fois, des chercheurs affirment que l’agriculture biologique pourrait nourrir le monde même en 2050. Ils posent deux conditions pour y parvenir : consommer moins de produits animaux et arrêter le gaspillage alimentaire. Ils partent du postulat pessimiste qu’il faudrait plus de terres cultivées en bio pour obtenir la même production qu’en conventionnel.
Les effets positifs de l’agriculture biologique en faveur de l’environnement sont unanimement reconnus ou presque. Mais la question de la satisfaction des besoins alimentaires de la population mondiale reste hautement polémique. Une nouvelle étude de l’Institut suisse de recherche pour l’agriculture biologique publiée dans la revue Nature communication du 14 novembre 2017 affirme à nouveau que l’agriculture biologique si elle remplaçait l’agriculture conventionnelle pourrait nourrir les 9 milliards de terriens attendus en 2050.

Des travaux de chercheurs à travers le monde, réunis dans le rapport de la FAO « Agriculture biologique et sécurité alimentaire » publié en mai 2007 (2), avaient déjà montré que l’agriculture biologique pourrait satisfaire les besoins alimentaires mondiaux, aujourd’hui et demain. Les experts y constataient que « en moyenne, le rendement des cultures biologiques est comparable à celui des cultures conventionnelles », en tenant compte de meilleurs résultats à l’hectare obtenus sur 75 % des surfaces bio de la planète.
Les auteurs de l’étude suisse partent d’un postulat opposé : les rendements sont inférieurs en agriculture biologique et de ce fait plus de terres sont nécessaires pour une production identique. Cependant, comme une part importante des terres est cultivée pour nourrir les animaux, réduire la consommation de viande libérerait les espaces agricoles nécessaires. Si on ajoute à cela la suppression du gaspillage alimentaire, leur calcul montre que l’on a encore de la marge. Même en étant pessimiste, le problème des surfaces de terres ne serait donc pas insoluble.
Réduire les impacts négatifs de l’agriculture
Le bénéfice d’une généralisation de l’agriculture biologique serait évident : suppression des engrais chimiques pourvoyeurs de gaz à effet de serre et des pesticides à l’origine d’une pollution généralisée. Les chercheurs notent que « l’intensification de l’agriculture au cours des dernières décennies (…) a conduit à des impacts environnementaux négatifs considérables, tels que des augmentations de l’excès d’azote réactif, l’eutrophisation des terres et des plans d’eau, les émissions de gaz à effet de serre et les pertes de biodiversité ». Cette situation devrait encore s’aggraver si le modèle conventionnel actuel est maintenu : « on suppose généralement que d’ici 2050, la production agricole devra encore augmenter de 50% pour nourrir la population mondiale projetée de plus de 9 milliards ». Ils concluent : « Il est donc essentiel de réduire les impacts négatifs de l’agriculture sur l’environnement, tout en veillant à ce que la même quantité de nourriture puisse être livrée ». Espérons que les responsables politiques entendront ce message.
L’Equipe Bjorg Bonneterre & Cie